« L’expérience de chacun est un capital que l’on met en commun. »

Portrait

Thomas a 45 ans. Né dans le Sud-Loire et métis par son père, il est revenu vivre à Nantes il y a 5 ans, après une carrière internationale dans des entreprises technologiques. Il développe désormais un projet de plateforme collaborative d’information en santé pour les patients.

Comment vivez-vous cette crise ?
Du fait du quasi-confinement que je vivais déjà, par choix, pour mon projet professionnel, je n’ai pas souffert de l’isolement. J’ai même eu la chance que la crise accélère ce projet, en révèle l’utilité et simplifie mon travail. Et puis, dans ce monde débarrassé du superflu, j’ai aussi redécouvert un lien simple aux autres, construit sur l’entraide et la bienveillance. J’ai été ressourcé, inspiré positivement par cette situation unique. Même si j’ai parfois vécu avec inquiétude nos déchirements et regretté que nous n’ayons pas toujours réussi à dépasser nos différences pour déployer de l’entraide, en acceptant les contraintes de la crise sanitaire et le fait de ne pas tout savoir.

Pourquoi avoir rejoint cette convention et que pensez-vous des travaux engagés ?

Formé en sciences politiques, je trouve fondamental de faire appel aux citoyen·ne·s. Alors quand une maire qui vient d’être élue décide d’écouter les propositions des citoyen·ne·s, j’ai envie de m’impliquer ! Je m’attendais à des débats compliqués, sur les questions de sécurité par exemple. Mais malgré l’impression d’une nation où l’on se bat beaucoup, tout le monde a envie de solidarité ! Cette convention citoyenne est pleine d’écoute et l’expérience de chacun est un capital que l’on met en commun. Il nous manque peut-être un peu de temps de travail pour aller encore plus au fond : il aurait fallu ouvrir des espaces informels de dialogue entre citoyens qui nous auraient permis de produire encore plus. J’ai aussi participé avec intérêt au groupe miroir. Même si les temps d’échange sont trop courts, c’est important de proposer ce type de cadre protégé pour qu’élu·e·s et citoyen·ne·s conversent de manière apaisée. Cela devrait même devenir une habitude, il faut du dialogue au quotidien.

Y-a-t-il un sujet qui vous tient plus à cœur ?
J’insisterais sur le thème de la santé d’abord puisque qu’on est bien dans une crise sanitaire. Il faut se pencher sur l’organisation du soin sur le territoire de Nantes Métropole et apprendre d’une crise qui n’est pas finie. Le futur CHU par exemple a été pensé avant la crise : peut-être faut-il revisiter son organisation au regard du vécu de crise ? Le sujet de l’information est aussi fondamental : on doit pouvoir garantir un accès de tous les métropolitains à une information fiable et transparente en termes de conflits d’intérêts, peut-être en accordant un label. Je crois aussi beaucoup à la place de l’université dans la démocratie, le lieu où le savoir s’expose au peuple. Alors pourquoi ne pas demander à l’Université de Nantes de créer un baromètre local de l’action publique ?

Légende : Thomas, « confiné volontaire » dans son bureau où il développe un projet de plateforme d’informations en santé.