« Une ville pour tous, un lieu ouvert à chacun dans son quartier »

Portrait

Sophie a 48 ans. Mère de 2 jeunes hommes, elle vit dans le quartier de Toutes-Aides. Après une carrière essentiellement dans l’action sociale, elle est sans emploi depuis 4 ans. Elle pense créer prochainement son activité professionnelle en indépendante.

Comment vivez-vous cette crise ?
Le premier confinement a été difficile : j’ai eu le covid dès le mois d’avril et il m’a fallu deux mois pour remonter la pente. Malgré mon réseau amical et familial, je me suis sentie très seule pendant cette période car je ne voulais pas contaminer mes proches. La crise m’a aussi touchée au plan économique : vivant avec le RSA, la hausse des prix et l’absence des produits les moins chers dans les rayons ont pesé sur mon budget. Mais la période m’a aussi laissé du temps et j’ai repris mes activités artisanales de création, qui m’ont convaincues de me lancer à mon compte dans ce domaine. Mais je reste globalement inquiète : je pense que la crise va laisser des stigmates forts, que la diminution des libertés va engendrer une hausse de la violence.

Que pensez-vous du travail de la convention ?
Je crois très fortement en la démocratie populaire : chacun a quelque chose d’intéressant à dire. Le fait d’être un panel varié est vraiment une bonne chose et je suis agréablement surprise du niveau des échanges. L’organisation fait aussi un boulot remarquable et les intervenants extérieurs sont passionnants : individuellement, je n’aurais jamais eu accès à ces gens-là qui me permettent de comprendre le monde. On a souvent des idées arrêtées et ça fait du bien d’être bousculée ! Je trouve aussi un certain intérêt à la visioconférence : il n’y a pas de leader qui prend l’ascendant, toutes les opinions sortent. Et j’ai de plus en plus confiance dans les participants au fil du temps : plusieurs ont des attentes profondes, ils me donnent l’énergie de poursuivre, l’espoir que l’on sera écouté.

Y-a-t-il un thème qui vous tient plus à cœur ?
Le visage de Nantes a beaucoup changé depuis que je suis arrivée il y a 26 ans : dans l’hyper-centre, on ne voit que des gens riches et en bonne santé ! Il faut faire attention à garder une ville accessible à tous, partager l’espace, arrêter de segmenter. On pourrait notamment créer dans chaque quartier un lieu ouvert à tous, où l’on puisse se rencontrer et pas seulement consommer des services. Si on fait chacun dans notre coin, il n’en sort rien ! Je suis aussi préoccupée du devenir du secteur culturel : en dehors du Voyage à Nantes ou de l’Arbre aux Hérons, d’autres formes d’art existent qu’il faut absolument soutenir. Je suis inquiète enfin pour l’avenir des jeunes : on leur en demande beaucoup sans leur proposer grand chose. Pourtant, c’est eux le monde de demain !

Légende : Sophie dans ses créations artisanales, qui pourraient bien devenir son activité professionnelle prochainement.