Le spécialiste des villes en transitions Rob Hopkins répond aux questions de la convention

Démarche

Le 29 janvier 2021, les 80 de la convention citoyenne ont eu l’opportunité de dialoguer avec Rob Hopkins, initiateur du réseau des villes en transition. Depuis Totnes, la ville laboratoire où il vit en Angleterre, cet enseignant en permaculture a souligné l’importance de l’imaginaire au service des transitions.

“On ne peut pas construire ce qu’on ne peut imaginer. Aujourd’hui, nous devons être plus imaginatifs que jamais”. C’est le message majeur lancé aux citoyens par Rob Hopkins lors de son étape à Nantes le 29 janvier dernier. Le fondateur du réseau des villes en transition participait à une “tournée” numérique française en partenariat avec le magasine “Sans transitions !

Comment mettre l’imaginaire au pouvoir ?

“Et si…”, c’est le mot clé pour lancer un nouvel imaginaire dit Rob Hopkins. Durant le confinement de 2020, il a proposé chaque jour de nouveaux “Et si…” pour dessiner des avenirs possibles. “Et si” on créait des jardins potagers, “et si” on fermait des rues à la circulation… Pour développer l’imaginaire, Rob Hopkins insiste sur 4 points. D’abord, disposer d’un espace temps : “Notre imaginaire souffre d’être dans un espace temps de plus en plus étroit. Il faut libérer des moments pour imaginer et discuter. C’est pour cela que je suis partisan de la semaine de travail de 4 jours et d’un principe de revenu universel qui nous permette de rémunérer ce temps“. Il souligne aussi l’importance de lieux propices à renforcer l’imaginaire dans les villes : de l’habitat inspirant (référence à l’artiste et architecte autrichien Hundertwasser), des lieux publics porteurs… Il faut également multiplier les exercices pratiques : “Proposer des happenings artistiques, remplacer les panneaux publicitaires par des grandes fresques, jouer à inventer l’avenir pour stimuler un imaginaire qui ne cesse de reculer.” Il évoque enfin la nécessité de construire des pactes locaux entre citoyens, associations et collectivités pour organiser la production d’imaginaires. Et cite l’expérience du bureau civique de l’imagination de Bologne (Italie) qui a permis l’émergence de 500 projets novateurs.

Par où commencer la transition ?

Lors de cette soirée, la convention citoyenne de Nantes a eu l’opportunité de poser 2 questions à Rob Hopkins. Aurélien, au nom du collectif, a demandé “Par quoi commencer pour amorcer cette transition ? Quelle action est prioritaire selon vous ?” Selon Rob Hopkins, il est difficile de prioriser dès lors qu’il y a bien une crise sanitaire, de la santé mentale, de l’économie, climatique… “C’est donc une question d’équilibre à trouver. Je pense qu’il y a deux approches : d’abord se poser la question de l’impact en terme de bien-être et non de PIB. Et prioriser en fonction des opportunités en mettant l’accent sur les choses qui seront couronnées de succès et qui auront des retentissements visibles“. Maï a posé la deuxième question commune de la convention : “Comment ne pas faire peur aux gens et apporter la preuve que ça va être positif pour tous ?” Là encore, Rob Hopkins répond par la force de la pratique : “Pour être convaincant, il faut se lancer. Il y a une majorité de gens qui savent qu’il faut agir; il faut faire la preuve par l’exemple avec eux. Je ne connais pas de gens qui regrettent d’avoir créé des potagers par exemple. Bien sûr, le secteur du carburant fossile va devoir se réorienter mais c’est un mythe de penser qu’on va perdre des emplois avec la transition.

Rob Hopkins souligne l’intérêt du tirage au sort

Au cours de son intervention, Rob Hopkins a également insisté sur l’intérêt des conventions citoyennes sur la base d’un tirage au sort : “C’est un modèle qui est très bon car il permet de représenter une mini-société. Il faut s’appuyer sur quelque chose de ce type pour entrer en transition afin de mobiliser et de créer ensemble en mode Green Deal. Le principe de revenu universel pourrait aussi servir à indemniser les gens qui s’y investissent.”