« Il faut plus de solidarité entre générations, moins d’égoïsme »

Portrait

Michel a 62 ans. Ancien technicien de maintenance arrivé à Nantes il y a 20 ans, il est aujourd’hui retraité et vit à Saint-Herblain, dans le quartier de Bellevue. Célibataire sans enfant, il voudrait que la convention citoyenne porte attention aux personnes seules et aux plus âgés.

Comment avez-vous vécu le premier confinement ?
Je me suis retrouvé très seul. Je n’ai aucune famille ici, tout le monde est en région parisienne. Mes activités de bénévole à la fondation « Le refuge » ont brutalement cessé et j’habite dans un immeuble de 10 étages où personne ne se connaît. Et puis, fin avril, j’ai été hospitalisé au CHU pour des problèmes cardiaques. Après 4 jours d’hôpital, je suis revenu chez moi, tout seul. Personne ne s’est inquiété de savoir comment j’allais remplir mon frigo, prendre mes médicaments, faire mon ménage : ni le CHU, ni ma mutuelle, ni la sécurité sociale… Ce confinement, ce n’est vraiment pas un bon souvenir.

Pourquoi avoir accepté de rejoindre cette convention ?
Justement pour témoigner de la situation des personnes seules et des plus âgés. Que des gens âgés soient découverts morts, seuls dans leur appartement en ville, c’est des choses que je n’arrive pas à comprendre. S’il n’y avait pas les retraités, beaucoup d’associations ne tourneraient pas. Alors il faut plus de solidarité entre générations, que les jeunes s’engagent, qu’on lutte contre l’égoïsme de cette société individualiste. J’espère qu’avec la convention, on creusera des solutions originales à cette solitude des plus âgés, mise en avant avec la crise. Peut-être faut-il des jumelages d’écoles maternelles avec des EHPAD, des EHPAD construits au dessus de crèches ?

Qu’avez-vous pensé des premiers temps de la convention ?
Je trouve les temps de plénière intéressants. En petit groupe, les échanges sont parfois trop courts, surtout quand on est à 10-12. Nous devons aussi faire attention à ne pas parler que de Nantes. Pour avoir été nantais pendant 19 ans, je sais qu’il y a des services proposés en ville dont on ne dispose pas ailleurs. Il faut absolument que les habitants des petites communes aient leur mot à dire. Et que nous parlions bien au final pour toute la population, même si nous sommes tous particulièrement engagés : on ne dit pas oui à une convention citoyenne si on n’est pas quelqu’un d’engagé !

* Photo : Hospitalisé durant le confinement, Michel a débuté une rééducation au CHU, un lieu qu’il associe à cette période sombre où il s’est retrouvé particulièrement seul.