« Il faudrait renouveler ce type d’expérience plus souvent, en faisant tourner les citoyens y participant »

Portrait

Laure a 38 ans. Savoyarde d’origine, elle a rejoint la région nantaise en 2013 et s’est installée avec son conjoint à La Montagne en 2017 où elle a créé son activité en libéral.

Comment vivez-vous cette crise ?
Passé les premiers temps où j’ai dû fermer mon entreprise, j’ai plutôt bien vécu le premier confinement. Ayant connu des accidents graves, je sais ce que c’est que d’être en retrait brutal du monde ! J’avais aussi la chance d’avoir un cadre de vie agréable avec un jardin. Et les commerçants de proximité auprès de qui je m’approvisionne sont toujours restés ouverts. Ce moment m’a aussi permis de découvrir mes voisins. Et mes amis, dont bon nombre sont en région parisienne, étaient bien plus disponibles que d’habitude pour échanger ! Vraiment, je n’étais pas à plaindre même si, venant tout juste de créer mon activité professionnelle, j’ai mis 6 mois à bien la relancer après la fermeture administrative puis les vacances qui ont suivi. L’aspect qui m’a le plus dérangé finalement durant cette crise a été le battage médiatique, très prenant et infantilisant, surtout au début.

Comment s’est passée cette convention ?
En regard de l’agitation médiatique, nos discussions ont été apaisées et bienveillantes. Chacun a eu une vraie liberté d’expression mais la qualité de l’animation a permis qu’il n’y ait pas de jugement sur les expressions des uns et des autres. Les échanges étaient vraiment très spontanés, sincères et riches, malgré le tout-numérique qui m’a un peu frustrée et qui demande un degré d’écoute et de concentration supplémentaires. Nous avons tous mis beaucoup d’engagement dans cet exercice. J’aurais bien apprécié peut-être une session supplémentaire, pour nous permettre de prendre un peu de recul par rapport à l’avis que nous avons rédigé. Je pense qu’il faudrait renouveler ce type d’expérience plus souvent, en faisant tourner les citoyens y participant. C’est un super format, plus intéressant que les débats publics où des camps s’affrontent sans s’écouter !

Y-a-t-il des sujets que vous avez porté plus que d’autres ?
J’ai une vraie sensibilité à tout ce qui est numérique : la sécurité des données, la préservation des libertés individuelles, l’impact environnemental et la fracture sociale qu’il génère. Le numérique, ça simplifie la vie, à condition qu’on sache bien l’utiliser, qu’on ne reste pas dans sa bulle et que l’on soit vigilant par rapport à ce qu’on veut demain ! Sinon, tous les sujets m’intéressent car ils s’imbriquent tous pour former une globalité. Ce qui est essentiel, c’est de dire vers quel genre de société on veut tendre d’ici 50 ans. On est à un moment charnière, avec une capacité de changement accélérée. On a réussi à tous se masquer en moins d’un an, alors on peut réussir d’autres challenges, bien plus importants !

Légende : Laure se déplace toujours à vélo, notamment pour rejoindre le marché de la Montagne où elle s’approvisionne chaque semaine.