« On n’est peut être pas sacrifiés comme d’autres générations l’ont été, mais c’est compliqué pour nous, les jeunes. »

Portrait

A 20 ans, Kevin est le benjamin de la convention citoyenne. Paysagiste de formation, il travaille actuellement dans le maraîchage et vit chez ses parents à Saint-Léger-les-Vignes.

Comment vivez-vous cette crise ?
Le plus dur pendant le premier confinement a été de ne plus pouvoir sortir avec mes amis. Côté études, j’étais en formation en alternance comme paysagiste : le travail en entreprise s’est poursuivi et j’ai été diplômé en juin. Mais avec la crise je ne trouve pas d’offre de travail dans un service espaces verts, ce qui est mon projet. Du coup, je travaille dans le maraîchage en attendant. La crise m’a aussi donné plus envie d’aider autour de moi : cette année, je me suis inscrit à la campagne de collecte des Restos du cœur. Autre point positif : avec mes amis, alors que nous avions l’habitude d’aller à Atlantis pour nos sorties, nous avons choisi d’autres destinations, plus aérées : le centre-ville et les parcs de Nantes et puis Pornic ou Clisson. C’est une vraie découverte de chouettes lieux, proches de chez nous.

Pourquoi avoir rejoint cette convention et comment cela se passe ?
Comme il n’y avait aucun citoyen de Saint-Léger dans la convention, le maire est venu me proposer d’y participer. Il m’avait repéré au conseil municipal où je vais régulièrement écouter les débats depuis que j’ai le droit de vote. Au début de la convention, je n’osais pas trop parler, je ne voyais pas ce que je pouvais apporter. Maintenant, j’ose dire quand je n’ai pas le même avis, par exemple sur la situation des jeunes pendant cette crise. C’est aussi très intéressant de croiser des personnes de tout milieu que je n’aurais pas rencontrées autrement. C’est très bien organisé ; j’ai un seul petit regret : que les temps d’échange soient trop courts. C’est parfois frustrant de ne pas finir un débat en petit comité parce qu’il faut rejoindre le collectif.

Y-a-t-il un sujet qui vous tient plus à cœur ?
Les transports ! A Saint-Léger, la plus petite commune de la métropole, on est vraiment mal relié à Nantes. Avant que j’ai mon permis, il nous fallait 1h30 pour rejoindre le centre-ville en transport en commun et il n’y avait même pas de bus de retour le soir ! Il faut aussi plus s’occuper de l’école et des problèmes de harcèlement. Avec les réseaux sociaux, ça va très vite et ça se poursuit au delà du temps scolaire : on ne peut pas laisser les jeunes seuls avec ça. Plus généralement, il y a aussi la situation des jeunes. D’accord, on n’est pas sacrifiés comme d’autres générations l’ont été avec la guerre par exemple, mais c’est compliqué pour nous. Avec la crise, il y a peu d’offres d’emploi et pas assez de moyens pour nous écouter, le chèque psy ça ne suffit pas ! Dans les médias, les sujets défilent : les entreprises, puis les étudiants, maintenant le vaccin et le variant. On passe trop rapidement d’un problème à l’autre, comme s’ils étaient déjà réglés !

Légende : En attendant de trouver un emploi dans son domaine – le paysage – Kevin travaille dans des serres de tomates près de chez lui.