«Si la tête n’a pas envie de changer, c’est les pieds qui doivent changer ! »

Portrait

Mylène a 38 ans. D’origine suisse, elle est arrivée à Nantes il y a 25 ans avec sa famille. Artiste créatrice installée à son compte depuis 5 ans, elle est mère d’un petit garçon et d’une jeune fille. Avec son mari, ils habitent sur le quartier du Port Boyer.

Comment vivez-vous cette crise ?
J’ai la chance d’avoir la création en moi, je vis plutôt bien les confinements et j’ai déjà anticipé tout ce que je ferai au prochain ! Au premier, j’avais mon jeune fils non stop à charge. Au début c’était très créatif, on ouvrait les fenêtres de notre appartement et on inventait plein de choses ensemble. Mais à un moment, j’en ai eu marre. Le 2e confinement était plus facile car il allait à l’école. J’ai aussi la chance de ne pas avoir de loyer à payer pour mon atelier, donc pas de dette. Puis, en novembre, j’ai eu le covid dans une forme pas trop grave. Ça a été une « bénédiction » : j’ai été obligée de lever le pied, moi l’hyperactive, et j’ai gagné en qualité de vie avec les uns et les autres.

Que pensez-vous du travail au sein de la convention ?
La convention, c’est l’occasion de rencontrer des gens qui pensent différemment de moi et de poser les choses : on en est là, on aimerait ça et sur quels points on est capable d’avancer ensemble. Je suis antilibérale car ce système détruit l’environnement, nos liens, qu’on n’a pas besoin de posséder les choses pour être heureux. Avec le covid, on se rend compte que la démocratie est quelque chose de tout petit et peut disparaître rapidement, voyez avec quelle facilité on a accepté la restriction des libertés ! Alors je crois à notre créativité et à notre capacité de changer ensemble les choses, de construire quelque chose de différent. Peut-être que nous serons entendus, peut-être pas. Mais si la tête n’a pas envie de changer, c’est les pieds qui doivent changer !

Y-a-t-il un thème qui vous tient plus à cœur ?
Pour moi, l’écologie est partout et il n’y aura pas de survie sans écologie. J’insisterais donc d’abord sur l’autosuffisance alimentaire et la maîtrise de l’eau. A Rome, ils ont créé des potagers partout ! Il faut aussi produire moins de biens en général et remettre le partage et l’échange au cœur de nos relations : chacun doit s’interroger sur ce qu’il peut partager, c’est notre vraie richesse ! Je pense qu’il y a vraiment quelque chose à creuser sur l’échange de savoirs. J’aimerais aussi que tout le monde ait accès à la création, savoir transformer un habit qu’on n’aime plus par exemple et ça… c’est mon job ! Nos propositions ne seront pas parfaites, il faudra ajuster et il est essentiel que chacun puisse s’insérer dedans sans être jugé. Mais je crois vraiment à l’idée de mettre nos cerveaux en ébullition ensemble et à l’expérimentation locale !

Légende : Mylène dans son atelier-boutique. Pour la convention citoyenne, elle a créé trois collages au sein du comité éditorial.