3 questions à Sandrine Rui, garante de la convention citoyenne
Sandrine Rui est sociologue, maître de conférence à l’Université de Bordeaux.
Elle est l’une des 4 garants de la Convention citoyenne métropolitaine de Nantes « Vécus de crise et aspirations pour demain », chargés de vérifier que la démarche se déroule en toute indépendance et dans de bonnes conditions.
Qu’est-ce qui vous a incité à répondre positivement à cette mission de garante ?
C’est la deuxième fois que je réponds favorablement à ce genre de sollicitation : en 2017, j’ai été garante d’un atelier citoyen national sur la réforme des retraites. Mais ce qui m’a particulièrement motivée à Nantes, c’est le sujet sur lequel porte la convention. Je ne voulais pas passer à côté d’une démarche où des citoyens allaient se saisir d’un moment qui bouleverse autant nos vies. C’est un vrai défi que de réussir à faire émerger un point de vue collectif « à chaud ». On a tous été saisis par cette crise et c’est important d’ouvrir un espace d’expression, une scène où les citoyens viennent livrer leur vécu. L’enjeu de la convention est aussi de recueillir des orientations pour les politiques publiques : c’est très puissant de construire la politique en s’appuyant sur l’expérience des gens et ça aussi, ça m’intéresse particulièrement.
A quoi serez-vous particulièrement attentive dans cette position de garante ?
Le principe de convention, qui est une tendance actuelle des démarches participatives, permet de recréer une mini-société locale, avec une diversité de points de vue. Je serai bien sûr attentive à ce que chaque citoyen mobilisé puisse s’exprimer. Mais au delà, il est aussi important que chacun ait bien le sentiment d’être légitime, que sa parole soit véritablement entendue. J’aurai donc le souci de l’équilibre entre les arguments, en vérifiant que certains ne pèsent pas plus que d’autres. Je serai aussi très attentive au devenir de la parole énoncée : comment cette expression citoyenne se traduira en axes de politiques publiques. Ce passage-là est essentiel. Je pourrai aussi regarder la démarche sous l’angle des discriminations : cette thématique peut venir comme une expérience vécue de la crise mais aussi comme un des axes de réflexion pour la suite.
Quel message voudriez-vous faire passer aux citoyens mobilisés dans cette convention ?
Quelle chance, quel privilège vous avez avec cette opportunité de pouvoir contribuer à la conception des politiques publiques ! Profitez-en au maximum, ne boudez pas votre plaisir ! J’espère vraiment que cette démarche va porter ses fruits et faire ainsi la preuve que l’on peut faire de la politique en prenant appui sur l’expérience des gens.