Arnaud a 31 ans. Cet ingénieur en maintenance industrielle est arrivé à Nantes pour son travail il y a 5 ans et vit dans l’hyper-centre. Au sein de la convention, il s’interroge surtout sur les solutions pour ré-impliquer les citoyens dans la démocratie.
Comment vivez-vous cette crise ?
Le premier confinement était une expérience inédite pour tous. J’ai télé-travaillé tout du long et comme j’ai la chance de vivre en colocation, je n’ai pas été seul. Le plus dur à vivre, ça a été la vie sociale mise en pause : ne plus pouvoir aller boire un coup après le boulot, ne plus aller en concert. Chacun était dans son coin, c’était comme une parenthèse un peu floue. En même temps, j’ai aussi parfois apprécié de découvrir la ville avec moins de monde et profité d’espaces pour moi tout seul. Je me suis aussi rendu compte que beaucoup de choses n’étaient pas essentielles : à part mes sorties, je ne suis déjà pas un gros consommateur. Mais j’ai très peur qu’on ait une mémoire à court terme et qu’on ne revienne à la case départ dans quelques mois.
Que pensez-vous cette convention ?
J’ai mis du temps à décider d’y participer. Au delà du vote, c’est mon premier engagement citoyen. Les échanges sont plutôt francs, assez directs. Peut-être manque-t-on parfois de contradictions mais peut-être est-ce aussi le fait d’échanger ensemble qui crée un même sens de réflexion ? La visioconférence ne nous permet pas non plus d’avoir du off pour échanger, ça reste donc un peu formel mais ça avance quand même au fil des sessions. Je suis curieux de voir ce que l’on va produire : je ne suis ni optimiste, ni dubitatif, juste intéressé de voir le résultat.
Y-a-t-il un thème qui vous tient plus à cœur ?
Je m’intéresse surtout à l’exercice de la citoyenneté. J’ai suivi avec intérêt l’aventure des gilets jaunes, une émanation du peuple tel qu’il est, pas toujours très lisse. Le mouvement a été fauché par la crise et pourtant les problèmes restent et risquent d’être deux fois plus forts demain. Notre modèle de démocratie est à bout de souffle. La question principale est comment faire pour remobiliser les gens, qu’ils redeviennent citoyens et qu’on arrête de subir ce qui nous arrive. Il faudrait réinventer une agora moderne : expérimenter des groupes de parole sur certains sujets, des journées citoyennes… et sensibiliser à l’action citoyenne, sans faire de propagande pour autant. Je découvre aussi que l’alimentation est un domaine dans lequel la collectivité locale peut faire beaucoup. Attention cependant à ne pas tout faire reposer sur notre responsabilité individuelle d’acheter des produits de qualité ou non, le boycott ne suffit pas non plus. Il faut que les politiques prennent de vraies décisions dans ce domaine, comme dans d’autres.
Légende : Arnaud devant son bar favori, fermé depuis plusieurs mois : »La vie sociale a été mise en pause »