3 questions à Gilles Pinson, garant de la convention citoyenne
Gilles Pinson est enseignant chercheur à SciencesPo Bordeaux.
Il est l’un des 4 garants de la Convention citoyenne métropolitaine de Nantes « Vécus de crise et aspirations pour demain », chargés de vérifier que la démarche se déroule en toute indépendance et dans de bonnes conditions. Il répond à nos questions à l’heure du lancement de la réflexion des 80 citoyens qui composent la convention.
Qu’est-ce qui vous a incité à répondre positivement à cette mission de garant ?
A titre personnel, c’est d’abord une belle occasion de venir voir très concrètement ce qui se fait dans ma ville natale. En tant que chercheur, c’est aussi la curiosité qui m’a attiré. C’est un poste d’observation intéressant car cette démarche citoyenne prend place à l’heure d’un tournant majeur dans la construction des politiques publiques des métropoles. Depuis 20-30 ans, les politiques locales ont visé à intégrer les métropoles dans la compétition globale et permis de leur donner une identité propre. Nantes en est un bon exemple. En même temps, ces politiques d’attractivité ont tellement bien marché qu’elles sont aujourd’hui questionnées dans leurs effets. Les dernières élections municipales l’ont bien montré. La crise pandémique que nous vivons met aussi en lumière que l’économie des métropoles n’est pas seulement fondée sur les cadres ou les start-upers, mais qu’elle repose aussi sur ceux qu’on a appelé les « premiers de corvée » : éboueurs, caissières… Le moment que nous vivons questionne donc l’orientation des politiques publiques des métropoles : la convention peut servir à ce questionnement.
A quoi serez-vous particulièrement attentif en tant que garant ?
Je serai surtout sensible à ce que l’espace des questions posées ne soit pas immédiatement réduit par les élus ou les services de Nantes Métropole. Les élus et les techniciens des collectivités sont comme tout le monde : ils peuvent avoir des idées arrêtées et imaginer que le débat doit porter sur les solutions car les problèmes « vont de soi ». Il ne faut surtout pas verrouiller le spectre des problèmes qui doivent être formulés clairement. Je suis partisan de se dire « Est-on bien d’accord sur la nature des problèmes ? », avant de s’attaquer à la résolution de ceux-ci.
Quels sont vos attentes quant à cette démarche ?
J’ai l’espoir qu’on évite les écueils rencontrés par la Convention citoyenne pour le climat. J’ai l’espoir qu’on ne fabrique pas de faux-espoirs, que les élus et techniciens de Nantes Métropole soient sincères dans cette démarche et qu’ils ne l’instrumentalisent pas. J’ai aussi l’espoir que les citoyens fassent preuve preuve d’irrévérence vis-à-vis des élus et d’imagination pour identifier d’autres futurs urbains possibles.